De toutes les façons au commencement, hé ben, y’avait Elvis, oui mec, Elvis tu vois, tu piges, le Roi, The King, the one and only ? Et Elvis tu le mettais seul devant une foule en délire et ben je peux te le dire, oui, ça je peux te le dire directement, comme ça, hé ben, il n’avait pas peur, il avait de grosses couilles le Elvis comme celles d’un éléphant, c’est moi qui te le dis. C’est sûr ! Devant une foule en délire, une foule de communistes et il aurait pris une mitraillette et TAC TAC TAC, il les aurait zigouillés, Elvis. Il ne les aimait pas les communistes. Ça non, il n’a pas chanté « Love me tender, Comrade » non Monsieur ; Sers moi un whisky Dany !
Le Roi du Rock-n-Roll, Elvis le Pelvis, un vrai pistolet, un blanc qui fait de la musique de noirs, la musique du Diable, oui je te le dis du Diable, et tout, et tout, même qu’on m’a dit que c’est le Diable qui lui avait appris à jouer de la guitare. Quoi, c’est pas Elvis ? C’est un mec qui s’appelait Robert Johnson à qui c’est arrivé, t’es sûr que c’est pas Elvis ? Et puis c’est qui Robert Johnson ? Un noir qui joue du blues ? Ça existe ça ? Non, je déconne, je sais que les noirs y jouent du blues mais qui te parle de blues, je te parle de Rock, mec, le vrai celui qui sent la sueur. Bon, j’en étais où ? Du blues ? Merde, j’aime bien le blues finalement.
Enfin, et puis après y a eu Bill Haley, tu connais Bill Haley ? Quoi, tu connais pas Bill Haley, mais putain, t’es né où ? Où ça ? Je connais pas, c’est où ça, en Afrique ? Non, en Asie, pourtant t’as pas une tête de chinetoque. Merde alors, ça veut dire que t’es un étranger ? Tu entends ça Dany, Rasheed et ben, il n’est pas né ici ? Pourtant t’as pas la tronche d’un métèque. C’est fou ça. Bon que je t’explique, Bill Haley il a chanté une chanson du tonnerre qui s’appelait « Rock around the clock » un truc de dingue, quand c’est sorti, j’te raconte pas… Dany, tu te rappelles quand cette chanson, elle est sortie ? Quoi, t’étais pas né ? Mais tu la connais… Ton père a dû tellement écouter la chanson que tu as dû être bercé en l’écoutant quand t’étais petit… Très dôle Dany, très drôle, je me marre, oui c’est ça tu as été bercé dans les couilles de ton père, merde, mec un peu de respect pour ton vieux qui a fait le Viet-Nam. Le Viet-Nam, mec, un truc de ouf, le rock était au top à cette époque, Jefferson Airplane, c’est top ou Jimi Hendrix, merde, mec, le top, le type il avait de l’or à la place des doigts ? « Purple haze », le top du top, dommage qu’y soit mort dans son vomi, trop con… Mec, mon pote Rasheed, t’as pas idée c’te liberté musicale… Ah Woodstock !… Oui, Dany, je sais que t’étais tout petit lors de Woodstock mais, merde, tu as dû sentir les vibrations. Qu’est-ce que tu dis Dany ? « Vibration dans ton cul ». Très fin, mec, très fin, t’es drôle comme tout, t’as fait l’école du cirque, t’es un putain de comique… Si c’est comme ça, je vais me casser, non y’a pas d’excuses qui tiennent… Tu m’offres quoi, un double bourbon, tu crois que ça va être aussi facile ? Quoi, tu mets des cacahouètes, bon je reste mais bon, j’aime pas quand on me prend pour un con, non, ça j’aime pas !!!! Bon, tu me sers, tu veux quoi Rahseed, une bière ? Oui ? Tu sers Rasheed, où en étais-je ? Hendrix, ouais puis The Doors, Jim Morrison, The Lizard King, tu connais ça au moins ? MR MOJO RISIN’ ? Non ? Oui … Ha, tu connais… Quoi, tu connais parce que tu as vu le film… Ouais, mais, non, le film n’a rien à voir avec le truc, même s’il n’est pas mal, pas mal, mais bon Val Kilmer y ressemble pas à Jim, non, pas à Jim du tout. Jim, la seule chose conne qui l’a pu faire c’est de mourir en France, car maintenant il faut prendre un zinc pour se recueillir sur sa tombe.
Paix à son âme…
Putain, t’as mis quoi dans le juke-box Dany, c’est quoi c’te merde ? Bon Jovi ? Merde, si tu mets du Hard, mets du vrai pas du Hard FM pour midinettes en chaleur du New Jersey, t’aurais pas pu mettre, chais pas moi, « Born to be Wild » de Steppenwolf, ou mieux encore « Dazed and confused » de Led Zeppelin … Quoi, je te parle de Led Zeppelin et toi Dany, tu me parle de Kiss, putain, tu me parles de ces rigolos avec leur maquillage de Drag Queen… Tu connais Kiss, toi Rasheed ? Oui, tu les connais, tu les écoutais quand t’étais dans la jungle ? Y pas de jungle dans ton pays ? Ha, bon, ch’avais pas…
En fait, je vais te dire, Kiss c’est pas trop mal finalement, j’aime bien « I was made for lovin’ you babe, and you were made for lovin’ me .. » il fallait oser le rythme disco avec les riffs Heavy Metal. C’est pas mal mais ça ne vaut pas Led Zeppelin ou même Motorhead. Putain j’adore Motorhead. Tu sais on m’a dit un jour que je ressemblais au chanteur, Lemmy Kilmister, et là j’ai bandé, putain, Lemmy il est trop ce mec…Quoi, qu’est-ce que tu dis ? Tu trouves qu’il a une sale gueule, mais va te faire enculer Dany, Lemmy c’est Dieu. Ne l’écoute pas Rasheed, Dany c’est un con, allez sers moi un autre verre plutôt que de raconter des conneries.
T’es peut-être un con, mais ta gnole elle est top… Hé Rasheed, mon pote, où tu vas ? Tu pars déjà ? Merde tu peux partir maintenant. Tu dois rentrer sinon ta femme elle va faire la gueule ! T’entends ça Dany, il a peur de sa gonzesse, mais Rasheed, il faut faire comme moi, lui montrer que c’est toi le chef… Oui, je sais, je sais je n’ai pas de gonzesse en ce moment, mais laisse moi te dire que si j’en avais une, éh ben, elle marcherait droit c’est moi qui te le dis. Ça c’est sûr !!!
T’as qu’à voir comment elle marchait droit ma meuf avant.
Dany, tu veux pas mettre un aut’ morceau sur le Wurlitzer ? Un truc sympa, pas un truc à la con comme ton Bon Jovi.
Bruce Springsteen…
Vas-y mec fais péter le Boss ! Tu mets quoi « Atlantic City » ? Génial.
Le Boss c’est l’esprit de la l’Amérique, Dany, c’est moi qui te le dis, l’esprit de l’Amérique, oui Monsieur. Springsteen. J’adore, y a rien à jeter comme Elvis d’ailleurs.
Quoi Dany ? Tu n’es pas d’accord ? Mais au fait, pas d’accord au sujet de quoi, du Boss ou d’Elvis ? Des deux ? Dany, mais qu’est-ce qui t’arrives mon pote, tu deviens tout bizarre, ta tête, elle gonfle ta tronche… Hé Rasheed ! Regarde la tronche de Dany, tu ne trouves pas qu’elle est bizarre. Rasheed ? Tu es où mon pote. Merde ! Qui a éteint la lumière ? Qui a arrêté la musique ?
Allez les mecs déconnez pas, j’aime pas le noir ! Rasheed, tu es où mon pote, allez vas rallumer la lumière, sois sympa et vas mettre une pièce dans le Wurlitzer …
Ha, merci, pour la lumière, c’est mieux comme ça, bon, il est où Dany ? Dany, t’es où mon pote ? Dany ! Dany !
Qu’est-ce qui se passe, putain, et le juke-box, pourquoi qui marche pas le juke-box ? Rasheed, c’est qui ces mecs qui viennent vers nous? Tu les connais ? Merde ils me font peur….
Hé, Pourquoi ils m’empêchent de bouger…
Dany, aide-moi ! Rasheed !
Non, je ne veux pas, je ne veux pas…
Laissez-moi tranquille, je ne veux pas, laissez-moi bordel !!! Rasheed !!! Dany !!!…
- Allez Monsieur, il faut prendre vos médicaments.
- Dany, aide-moi !
- Monsieur, il n’y a personne qui s’appelle Dany, vous êtes seul ici.
- C’est pas possible, je suis au bar avec Dany et il m’a servi des verres de Whisky.
- Non, Monsieur, vous êtes à l’hôpital psychiatrique, vous le savez bien Monsieur, regardez- moi, vous me reconnaissez, je suis votre infirmier et je m’appelle Ra…
- sheed…
- Vous voyez, vous vous en souvenez maintenant. Prenez vos pilules Monsieur, vous irez mieux après.
- Vous êtes sûr ?
- Oui.
- Quel jour on est ?
- Le 18 avril 2011, Monsieur.
- Mon anniversaire, c’est le 8 janvier , vous le savez ?
- Oui, Monsieur, je le sais.
- Je viens d’avoir… 76 ans.
- C’est ça Monsieur.
- Ce n’est pas possible, je ne suis pas si vieux.
Le patient commença à tenir des propos incohérents.
L’infirmier Rasheed quitta la cellule capitonnée et en referma la porte.
Le patient de la chambre 115 lui faisait de la peine. Il évitait d’appeler les patients par leurs noms pour éviter de s’attacher, mais avec le patient de la chambre 115, c’était difficile.
En effet, Rasheed ne pouvait faire abstraction du fait qu’il s’agissait… d’Elvis Presley…
En effet, le King n’était pas mort, il avait juste perdu la raison et croupissait dans un hôpital psychiatrique du Michigan.
Dur de faire abstraction… car au commencement il y avait Elvis, et putain que c’était bon.
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